Campagne mondiale contre le racisme, l’intolérance et la xénophobie
Contribution de l’EIP/Sénégal à la rencontre des ONG
(Dakar, les 19 et 20 janvier 2001)



Au moment où la Déclaration universelle des droits de l’homme entre dans sa 53ème année, confirmant ainsi sa pleine majorité, les principes d’égalité, de non discrimination, de justice de fraternité qu’elle prône, sont plus que jamais foulés au pied eu égard à l’intolérance qui caractérisent les relations entre les hommes, aux actes racistes et xénophobes perpétrés ça et là dans le monde et qui sont sources de d’exclusion, de discrimination, de violence de toutes sortes, de conflits interethniques, avec leur cortège de personnes déplacées , de réfugiés, hypothéquant ainsi la paix à cet entame du 21ème siècle.

Cette campagne mondiale vient à point nommé après la troisième décennie de lutte contre le racisme et la discrimination raciale et s’inscrit dans le cadre de la décennie mondiale pour l’éducation dans le domaine des droits de l’homme. Elle vient rappeler aux hommes l’unicité de l’espèce humaine, la nécessité du respect , de l’autre, de ses idées, de sa culture, en somme l’urgence de l’application des principes véhiculés par la déclaration universelle des droits de l’homme, aux états leurs engagements souscrits au terme des déclarations et conventions qu’ils ont signées ou ratifiées, relatives à la lutte contre la discrimination, l’intolérance et le racisme.

Aujourd’hui, point n’est besoin de présenter la situation de l’intolérance, du racisme et de la xénophobie au niveau mondial, la presse s’en fait largement l’échos chaque jour que Dieu fait .L’état des lieux est simplement alarmant à l’aune de la déclaration universelle des droits de l’homme : montée de l’intolérance entre les hommes, recrudescence de la violence de toutes sortes, de l’extrême droite et de la xénophobie en Europe, accompagnée souvent de lynchage d’étrangers, assassinat de personnes dont le seul tord est d’appartenir à une communauté différente ou à une autre religion, développement de l’antisémitisme, du racisme, qui engendrent l’exclusion, la marginalisation, la discrimination à l’égard des minorités nationales, ethniques , linguistiques comme les rom, les réfugiés, les immigrants et des groupes vulnérables , autant de comportements qui menacent la paix et la démocratie au niveau tant national qu’international et qui constituent des obstacles au développement.

Une analyse approfondie de ces phénomènes montre qu’ils s’exercent en général sur des personnes ou groupes pauvres (, article 2, alinéa 3, Déclaration sur la race et les préjugés raciaux de l’UNESCO)socialement défavorisés, des minorités exclues, des étrangers, des personnes ou groupes aux opinions politiques différentes. Les exemple des Etats unis avec les minorités noires et hispaniques, de l’Europe avec les étrangers, l’Afrique du sud, la Côte d’Ivoire avec les étrangers en disent long. De plus la méconnaissance de l’autre, de sa culture, les clichés véhiculés par les médias, nourrissent la méfiance et engendrent les préjugés, les stéréotypes, le mépris et débouchent sur la xénophobie et des actes racistes.

La notion de " races humaines " n’est pas fondée scientifiquement, plusieurs thèses scientifiques l’ont prouvé ; une race serait un groupe homogènes d’individus du point de vue des gènes, la seule chose que l’on peut transmettre à ses enfants du point de vue biologique, or on ne peut découvrir les races à partir des gènes( Albert Jacquard, Génétique des ^populations humaines, PUF, 1974 ), en outre l’Américan psychological Association en 1938 déclarait " la théorie nazie selon laquelle les gens ne peuvent partager un héritage intellectuel ou culturel qu’à partir de leur liens de sang ne trouve absolument aucun soutien dans les découvertes scientifiques ". Aujourd’hui, paléontologie , biologie, génétique toutes les sciences disent qu’au delà de nos différences, nous sommes tous cousins, c’est ce que confirme l’article premier alinéa 1 de la déclaration sur la race et les préjugés raciaux " Tous les êtres humains appartiennent à la même espèce et proviennent à la même souche. Ils naissent égaux en dignité et endroits et font tous partie intégrante de l’humanité " ; l’alinéa 2 stipule " tous les individus et tous les groupes ont le droit d’être différents de se concevoir et d’être perçus comme tels. Toutefois, la diversité des formes de vie et le droit à la différence ne peuvent en aucun cas servir de prétexte aux préjugés raciaux, ils ne peuvent légitimer ni en droit , ni en fait quelque pratique discriminatoire que ce soit, ni fonder la politique de l’apartheid qui constitue la forme extrême du racisme ".Le racisme en conséquence n’a aucun fondement scientifique et la déclaration sur la race et les préjugés raciaux en son article 2 alinéa 1, confirme " Toute théorie faisant état de la supériorité ou de l’infériorité intrinsèque de groupes raciaux ou ethniques qui donnerait aux uns le droit de dominer ou d’éliminer les autres, inférieurs présumés , ou fondant des jugement de valeur sur une différence raciale, est sans fondement scientifique et contraire aux principes moraux et éthiques de l’humanité. "

Le racisme, la xénophobie sont contraires à la dignité humaine, aux principes d’égalité de justice énoncés par la Déclaration universelle des droit de l'homme et l’article 2 de ce texte dispose " chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de tout e autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation".

Pour contrer ces attitudes et comportements, manifestations d’une violence qualifiée de banale et psychologique, mais sources de violence physique, il faudrait une mise en œuvre des textes relatifs à la lutte contre le racisme et l’intolérance mais surtout l’exécution d’un vaste programme d’éducation aux droits humains et à la paix .

S’agissant du premier axe, il s’agit d’un ensemble de déclarations et de conventions adoptée sous l’égide de l’ONU qu’il faudrait appliquer:

L’éducation est cependant à notre sens le meilleur moyen de contrer le racisme et les préjugés car il a été démontré qu’ils naissent très tôt chez l’enfant ; en effet les enfants ont conscience des différences raciales avant même l’age de deux ans, attachent des jugements de valeur à ces différences dès l’âge de trois ans ; entre quatre et six ans, ils sont capables d’établir des discriminations fondées sur la race, le sexe ou le handicap ; à dix ans, ils expriment des stéréotypes sur les populations d’autres pays. La recherche montre que ce sont les enfants de 9 à 13 ans qui sont les plus réceptifs aux cultures autres que la leur. A l’évidence c’est l’éducation qui permet de transformer les attitudes , les comportements par une prise de conscience de l’unicité de l’espèce humaine, des liens de parenté entre les hommes et de la nécessité de s’engager pour la construction d’un monde plus humain, plus juste , plus solidaire car il est admis aujourd’hui que " tous les peuples et tous les groupes humains quelle que soit leur composition ou leur origine ethnique, contribue selon leur génie propre aux progrès des civilisations et des cultures dans leur pluralité et grâce à leur interpénétration constituant ainsi le patrimoine commun de l’humanité ".

L’éducation doit viser au respect de droits de l’homme et favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre les nations et tous les groupes sociaux et religieux.
-Il s’agira de systématiser l’enseignement des droits de l’homme, à l’école dans les associations, les clubs, de faire ainsi de la recommandation de l’UNESCO de 1974 sur l’éducation pour la compréhension, la coopération, la paix internationales et les droits de l’homme une réalité dans les programmes scolaires.

Il faudra encourager les correspondances scolaires, favoriser les rencontres entres jeunes, enseigner une histoire des peuples aux élèves .

A l’heure où l’on parle de mondialisation, de globalisation , d’interpénétration entre les économies, entre les peuples , le racisme, la xénophobie et l’intolérance sont des défis que la communauté internationale se doit de relever pour que véritablement le monde devienne un véritable village planétaire, où régnera la concorde, la justice la paix. L’éducation parce qu’elle vise un changement des mentalités, une transformation des attitudes et des comportements est la voie royale pour les contrer, il faudra alors faire de l’école un véritable instrument de paix.

Saliou Sarr, président de l’EIP/Sénégal et membre de l’équipe pédagogique du Centre International de formation à l’enseignement des droits de l’homme et de la paix de Genève, (SUISSE)


 

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