THIÈS - Modernisation des darras : Des talibés initiés aux petits métiers
 

“Un avenir pour le talibé ”, tel est le slogan que vient de lancer l’association sénégalaise pour l’Ecole instrument de paix (EIP) qui a son siège au quartier Sampathé de Thiès. Dans cette dynamique, plusieurs actions sont entreprises en vue d’initier les jeunes talibés aux petits métiers.

Le président de l’association et formateur à l’Efi, Saliou Sarr, cible les daaras les plus organisés. L’objectif étant de descendre au niveau de ces daaras pour initier les jeunes talibés à l’apprentissage de petits métiers. Car, les sortants de ces écoles du savoir coranique, voire de l’éducation religieuse, ne seront forcément pas tous des maîtres d’enseignement coranique. D’où la nécessité de les préparer dès maintenant, à affronter les dures réalités de la vie, en les aidant à s’initier au travail manuel portant sur des petits métiers, tout en se consacrant au respect des recommandations divines.

Ainsi, pour mettre fin à certaines pratiques, les responsables des daaras ne cessent de solliciter l’aide et l’assistance des pouvoirs publics. Avoir la charge d’une centaine de talibés qu’il faut nourrir, loger et soigner, n’est pas une mince affaire.

En tout cas, le choix porté sur le daara de Tafsir Moubarak n’est pas le fait d’un simple hasard. Créé en 1997, ce daara s’est vite développé sous la houlette de Sérigne Idrissa Gaye, un érudit et homme de culture qui a ouvert de nombreux daaras à travers le pays. En 1999, l’internat commença à fonctionner. Aujourd’hui, plus de 50 jeunes talibés venus de la ville de Thiès, de ses environs et d’autres régions, y sont accueillis. Il suffit tout simplement de verser la somme de 20.000 francs pour être pris en charge. L’homme de Dieu Idrissa Gaye pense qu’il faut le minimum pour éviter la mendicité. En plus de ces internes, il existe au daara Tafsir Moubarak plus de 300 talibés qui sont des externes dont des élèves en vacances, confiés au marabout par leurs parents. D’ailleurs, la belle villa où ils sont reçus est bien illustrative. Tous les talibés ont assimilé les notions les plus élémentaires d’hygiène, notamment se laver les mains avant de manger, l’hygiène corporelle entre autres.

Une journée entière passée avec les pensionnaires du daara permet de découvrir beaucoup de choses. Ce fut un jeudi (repos pour les talibés) qui a été consacré à la confection de bracelets, bagues, colliers, abat-jour, etc. Le travail manuel se fait à partir de la corne d’un bœuf bouillie puis coupée en plusieurs morceaux à l’aide d’une lime. Il faut tout un processus pour arriver au résultat escompté. “ D’autres séances auront respectivement lieu dans les autres daaras de la ville de Thiès, puis à Tivaouane, en présence des encadreurs de l’EIP ” nous dit le responsable de la section sénégalaise de l’EIP. Selon Saliou Sarr, d’autres métiers comme la menuiserie, les arts décoratifs, etc vont suivre.

ABDOURAHMANE SARR GONZALES.

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