L'école Casamançaise au service de la paix

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Rapport de la session de formation à l’éducation à la paix à l’intention des enseignants des écoles primaires et secondaires sur le thème "  l'école Casamançaise au service de la paix  "

La section Sénégalaise de l’association Mondiale pour l’école instrument de paix(EIP-Sénégal) a organisé les 14, 15, 16 Mai 2005 au Lycée Djignabo de Ziguinchor une session de formation à l’éducation à la paix .à l’intention des enseignants des écoles primaires et secondaires sur le thème " L'école Casamancaise au service de la paix  .

Trente participants, enseignants, proviseur de lycée , directeurs d’école, Inspecteur, professeurs de collèges et lycée , membres d‘ ONG de défense des droits de , d’association de femmes de la région de Ziguinchor ont pris par à cette session de formation placée sous le haut patronage du Ministère de l’éducation nationale.

La session qui a été ouverte par l’inspecteur d’académie de Ziguinchor, Mr Maurice N'déné Waror représentant le Ministre de l’éducation nationale, s’est déroulée en trois jours en externat .

La stratégie retenue est basée sur l’alternance de conférences, de tables rondes et d’ateliers de production. Des travaux de groupes se succédant à des séances plénières en atelier qui traduisent en didactique le contenu des conférences des matinées

Les grands thèmes développés au cour de cette session et qui concourent tous à l'éducation à la paix.

3^ème jour : Pour une école sans violence, Pour une école citoyenne 

A la fin de la session des certificats de participation ont été remis à chaque participant.

L'organisation se cette session à Ziguinchor n'est point gratuite en raison de la situation que vit cette région depuis 1982 . Une guerre entre le MFDC (Mouvement des forces démocratiques de la Casamance) et les forces gouvernementales qui n'a que trop duré .Aucun secteur on le sait n'a été épargné. La vie économique est au ralentie, les familles disloquées . Cette situation plonge ainsi toute la région dans une insécurité permanente.. En 20 ans de guerre, 174 villages ont été abandonnées, 62639 personnes ont fui leurs maisons ou villages en direction des villes comme kolda, Ziguinchor ou encore dans les pays voisins, la Gambie ou la Guinée Bissau.

Le système éducatif n'est pas épargné car les élèves payent un lourd tribut du fait de cette crise. Beaucoup d'école sont abandonnées et de nombreux élèves sont venus grossir les rangs des populations déplacées. Au total durant cette période 5000 enfants ont vu leur scolarité interrompue., des écoles détruites. Parmi les victimes figurent des enseignants et des élèves. Bref une situation alarmante même si des lueurs d'espoir apparaissent ça et là avec la signature des accords de paix le 31 décembre 2004 à Ziguinchor entre le MFDC et le Gouvernement sénégalais et le démarrage des négociation en février 2005 à Foundiougne dans la région de Fatick.

L'EIP-sénégal est convaincue que l'école doit jouer sa partition dans cette quête de la paix. Elle doit éduquer à la paix, c'est à dire aux respect des droits humains, au respect des valeurs de solidarité, de tolérance, de compréhension. L'école en tant qu'institution et lieu de transmission des valeurs doit aussi jouer sa partition dans l'instauration d'une paix durable .Elle doit être au service de la paix , être une école instrument de paix, contribuer à "désarmer l'esprit pour désarmer la main", donc élever dans l'esprit des hommes les défenses de la paix.

Cette session qui est un volet important du programme 2004-2005 de l'EIP-sénégal se tient dans le cadre de la première phase (2005-2007) du Nouveau programme mondial de l'éducation aux droits de l'homme qui est consacrée à l'éducation des droits de l'homme dans les programmes des écoles primaires et secondaires mais aussi elle s'inscrit dans la décennie internationale des Nations Unies de la promotion d'une culture de la non violence et de la paix aux profit des enfants du monde(2001-2010)

L’objectif général de la session est de promouvoir une école instrument de paix , pour une plus grande compréhension entre les communautés vivant en Casamance.

En effet l'école doit non seulement veiller à ce que son fonctionnement soit conforme aux règles démocratiques et aux principes des droits de l'homme, mais aussi s'engager dans la recherche de la paix dans son environnement, initier des projets de solidarité , des projets interculturels entre les communautés , de rapprochement des communautés, des groupes ethniques, des projets de prévention des conflits, de protection de l'environnement .

Au total en Casamance, l'école a un rôle important à jouer, elle doit conscientiser les jeunes générations et proposer une alternative durable. Elle doit être un instrument de paix.

-S'approprier la Déclaration des droits de l'homme et la convention des droits de l’enfant.

-Initier une stratégie pour les enfants en situation difficile comme (les enfants déplacés, les enfants de la rue)

-Reconnaître les valeurs universelles

-Contrer les préjugés et les stéréotypes

-S'approprier les procèdes de résolution pacifique des conflits

- Esquisser une charte des droits et des responsabilités à l'école et dans les classes

CIBLES: Enseignants des écoles primaires et secondaires.

15h-17h: atelier: :Règlements scolaires et démocratie : Pour une esquisse de la charte des droits et des responsabilités à l'école, (équipe pédagogique EIP-Sénégal)

17h: Clôture

-Evaluation

-Allocution de remerciements

-Remise des certificats par l'Inspecteur d'académie

La région naturelle de la Casamance , séparée du reste du Sénégal par la Gambie est très enclavée. Tout fait de cette région une zone à part, le climat, les sols, la végétation, les groupes ethniques, les us et coutumes , la culture de façon générale .etc.., Certaines coutumes n'ont cours que dans cette région , l'excision par exemple est toujours pratiquée dans certains villages bref la Casamance vit sa spécificité.

La gestion du foncier a suscité beaucoup de résistance en Casamance occidentale qui est on le sait est une zone où les terres sont rares. Doit-on appliquer la loi sur le domaine national partout au Sénégal ?La législation ne devrait-elle pas tenir compte de la spécificité culturelle, du terroir?

Mais est-ce qu'au nom du droit à la différence il faut accepter les particularités culturelles qui bafouent la dignité humaine? Pour construire la nation sénégalaise ne faudrait-il pas niveler? D'autres part est-ce qu'au nom de l'universalisme on doit gommer les différences? L'universalisme n'est-il pas un impérialisme occidental? Ne rime -il pas avec la mondialisation qui fait disparaître les frontières et supprime les identités culturelles? Est-ce qu'il n'y a pas enrichissement mutuel entre universalisme et spécificités culturelles ?

En tout cas une réflexion sur les droits de l'homme ne peut faire l'économie d'un regard appuyé sur la façon dont chaque culture vit déjà quelques exigences des droits de l'homme, car en fait les droits de l'homme n'ont pas été conçus in "abstracto", ils sont l'expression des valeurs des valeurs du commun de l'humanité.

Les débats fort enrichissants ont tourné autour de l'enracinement des droits de l'homme dans les cultures particulières avec des exemples tirés de la culture africaine en général et reproduit dans la charte africaine comme le droit des peuples, les devoirs de l'individu, les droits de 3^ème génération , mais aussi sur l'impossibilité d'accepter des droits de l'homme à géométrie variable. En effet sous prétexte qu'elle est créditée de culturelle toute tradition ou toute pratique n'est pas acceptable. Celle ci ne peut être légitimée alors qu'elle viole les droits de l'homme. ce sont les traditions qui ont à justifier qu'elles sont positives parce qu'elles sont source d'épanouissement et de progrès. Si les cultures particulières doivent être respectées au nom du droit à la différence, elles doivent aussi s'enrichir de l'universalisme. Elles ne doivent pas se "ghétoiser ", car aujourd'hui avec le développement de la communication, le monde est devenu un village planétaire

Le premier atelier a été consacré aux stratégies pour contrer les préjugés très vivaces dans cette région sud. La démarche simple a consisté à observer les préjugés les plus courantes, à analyser la réalité de ces préjugés, c'est à dire les causes et les conséquences comme la discrimination , la haine, l'évitement , les guerres etc.. Ensuite les participants ont essayé de transformer la réalité et montré le danger de la généralisation. Ils ont esquissé des projets interculturels entre les communautés et des stratégies pour contrer les préjugés en classe, à l'école.

Le deuxième atelier pédagogiques sur la comparaison de la déclaration des droits de l'homme et la charte Africaine a abouti à des similitudes (droits civils, politiques , socioéconomiques, culturels)et les spécificités de la charte Africaine qui sont les droits collectifs de solidarité (, les droit au patrimoine commun de l’humanité, au développement, , à la paix , à la sécurité, à l’environnement sain) et les libertés des peuples (droit à l’existence, à l’autodétermination, à la libre disposition de ses richesses

-la théorie relative aux besoins quand les élèves sont privés du

matériel scolaire minimum pour étudier. Après l'exposé sur les trois méthodes de résolution des conflits, les procédés ont été examinés: médiation , négociation, partage, compromis , alternance, l'écoute active , explication etc

Le sujet abordé était intitulé: L’éducation à la citoyenneté démocratique :définition, les grands axes, les approches connexes, les compétences et la pratique scolaire.

L’éducation à la citoyenneté démocratique est un thème fédérateur des Programmes transversaux en cours dans l’école Sénégalaise : éducation pour l’environnement, éducation à la vie familiale, éducation aux droits humains , l’éducation interculturelle, l’éducation à la paix, l’éducation globale etc..

L’atelier pédagogique qui a suivi a permis aux participants d’esquisser une charte des droits et des responsabilités avec tous les acteurs de l’éducation (enseignant, parents d'élèves, membres de l'administration, élèves)sur la base de la déclaration universelle des droits de l’homme et de la convention des droits de l’enfant dans le cadre d'un plan d'action.

-Etudes de cas, Thierno, le talibé, fatou la bonne à tout faire, Khalidou antre briques et fagots, Aichatou la petite réfugiée

-L'éducation à la paix, pourquoi, comment le rôle de l'école (voir site de l'EIP-Sénégal)

-Dépliant présentant l’EIP-Sénégal

-La violence scolaire un phénomène qui prend de l'ampleur dans nos écoles (voir site de l'EIP-Sénégal)

-Exemple de charte des droits et des responsabilités

-Bulletin EIP infos no 1, 2, 3

-Liste des procédés de résolution pacifique des conflits

-Texte expliquant le conseil de coopération

-Bande dessinée de l'EIP (50 ème anniversaire de la DUDH)

Les participants à la session de formation sont des enseignants des écoles du préscolaire du primaire du moyen et du secondaire, directeurs d’écoles, principaux de Collège, .Proviseur de lycée, Inspecteurs de l’enseignement élémentaire,

Il y'avait aussi des membres d'association de promotion de la paix en Casamance comme le GRAPAC(Groupe de réflexion et d'action pour la paix en Casamance), la RADDHO etc..

.La sélection des participants s’est faite sur la base de l’intérêt que les enseignants et responsables d’école portent à l’éducation aux droits humains et à la paix , en fonction des suites qu’ils comptent donner à cette formation. Certains surtout dans l'élémentaire ont commencé timidement à aborder les questions de paix .Tout cela en accord avec l'Inspecteur départemental de Ziguinchor et l'Inspecteur d'Académie. Ainsi dans le questionnaire qui leur a été soumis avant la session, beaucoup ont manifesté cet intérêt pour les droits de l’homme, cette quête de savoir et de compétences pour l’éducation aux droits humains et à la paix.. La plupart comptent installer dans leur classe un conseil de coopération , encourager l’élaboration d’une charte des droits et des responsabilités dans leurs écoles, développer ainsi l’éducation à la citoyenneté démocratique et se constituer en réseau d'éducateurs à la paix.

-une fiche dévaluation journalière pour chaque participant sur une échelle quintile(5) portant sur les activités de la journée(exercice de présentation des participants, séance d’ouverture , conférences, ateliers)

-une fiche d’évaluation de l’ensemble de la session sur une échelle quintile (5) portant sur l’accueil, la documentation, l’encadrement ainsi que les acquisitions durant la session (connaissances en matière de d’éducation aux droits humains, découverte de nouvelles méthodes pédagogiques, nouer des relations d’amitié, meilleure documentation, compréhension des enjeux relatifs aux droits humains et à la paix )

.-Une évaluation générale de la session et les applications pratiques et le suivi

-Une évaluation orale du porte parole des participants

L’exploitation des fiches d’évaluation a donné les résultats suivants :

-Pour la première journée , il faut noter une très grande satisfaction des participants par rapport aux activités (exercices de présentation des participants, séances d’ouverture, conférences et atelier) avec une moyenne générale de 4,41 /5

-Pour la deuxième journée, une très grande satisfaction par rapport aux tables rondes et aux ateliers avec une moyenne générale de 4, 56 /5

-Pour la troisième journée, très grande satisfaction par rapport aux conférences et à l’atelier avec une moyenne générale de 4, 72 /5

Les participants ont apprécié la richesse des thèmes , leur actualité et la qualité des présentations. Ils ont appris de nouveaux concepts relatifs à l’éducation aux droits humains, à la paix , à la citoyenneté démocratique. Ils ont magnifié les échanges , le partage d’expériences qui ont été source d’enrichissement mutuel.

Les participants ont beaucoup apprécié les ateliers pédagogiques, très actifs, qui leur ont permis de découvrir de nouvelles techniques pour l’enseignement des droits de l’homme, comme la pédagogie de la coopération , le zig- zag , le projet d’action en faveur des droits de l’enfant, les techniques d’écoute active etc.. Les ateliers leur ont fourni des repères pour initier des activités dans leur école comme la charte des droits et des responsabilités , le conseil de coopération ,les projets d’action en faveur des droits de l’enfant. .Ils ont découvert des procédés de résolution pacifiques des conflits et d'autres techniques comme l'arbre à palabre.

Par rapport à l’ensemble de la session de façon générale les participants sont satisfaits de l’accueil qu leur a été réservé, de la documentation fournie, de l’encadrement.

Ils ont noté que la session leur a permis de parfaire leur connaissance en matière d’éducation aux droits humains, de découvrir de nouvelles approches pédagogiques, de nouer des relations d’amitié, de mieux saisir les enjeux relatifs à l’éducation aux droits humains et à la paix .

L’évaluation orale du porte parole des participants a permis d’avoir un feed back des trois jours . Il a insisté sur les moments d’échanges, de convivialité entre participants, les relations d’amitié, qui ont caractérisé cette session, mais aussi des moments de partage d’expérience et de découverte d’approches pédagogiques, de nouveaux concepts relatifs à l’éducation aux droits humains et à la citoyenneté démocratique. Le porte parole des participants a félicité l’EIP-Sénégal pour la réussite de la session et a encouragé les membres à poursuivre la formation des enseignants qui en ont grandement besoin surtout dans cette région sud. Ils ont demandé d'étendre la formation aux autres départements de la région et manifesté le désir de créer une antenne EIP à Ziguinchor.

Par rapport au suivi, les participants ont décidé de mettre en place dans leur classe un conseil de coopération, d’encourager la mise en place d’une charte des droits et des responsabilité dans leur écoles, de mettre en place des clubs EIP dans leurs écoles et de se constituer en réseau. (voir la dépêche de la PANA, le 17 mai 2004 sur la session

L’EIP-Sénégal va assurer le suivi de cette formation en avec un accompagnement rapproché  :

-fournir du matériel pédagogique ex : guide pédagogique sur les droits de l’enfant, bandes dessinées, déclaration universelle des droits de l’homme, convention des droits de l’enfant etc..

-organiser des visites de classes,

-intervenir dans les animations pédagogiques des écoles des dits enseignants et responsables d’écoles,

-former les animateurs des clubs EIP des écoles

-Aider à mettre en place des conseils de coopération

-Aider à créer un cadre démocratique à l’école avec l’organisation d’élections transparentes dans les coopératives scolaires, l’élaboration d’une charte des droits et des responsabilités

-Aider à réduire la violence en encourageant la création de comité de médiation dans les écoles

Trente participants ,des enseignants, des membres d’ONG de défense de droits de l’homme ont pris part à cette session de formation qui visait la promotion de l’éducation à la paix dans les écoles à travers un ensemble de thèmes : Une école au service du développement, une école multiculturelle, une école sans violence, une école citoyenne. .La qualité des interventions, l’actualité des thèmes dans cette région sud en proie à une guerre depuis 1982 , ont permis aux participants de comprendre les enjeux relatifs à l'éducation à la paix . Les ateliers très vivants ont permis aux participants d’échanger, de découvrir de nouvelles approches pédagogiques et leur ont fourni des repères pour initier des activités dans leur écoles, pour mieux éduquer aux droits humains , à la paix, et à la citoyenneté démocratique A ce niveau, ils sont arrivés à identifier les structures de participation, de dialogue , de résolution de conflits à mettre en place à l’école pour une citoyenneté plus active , plus responsable.

La session a atteint ses objectifs de l’avis des participants, avec une ambiance empreinte de cordialité, d’amitiés, d’échanges, et de partage d’expériences. Les participants se sont félicités de la bonne documentation mis à leur disposition, de l’encadrement rapproché dont les membres de l’EIP-sénégal ont fait montre durant toute la session.

Comme perspectives, L’EIP-Sénégal compte dans un bref délai

-organiser un autre séminaire sur le même thème qui réunira les départements de Bignona, Oussouye et une autre session de formation dans la région de kolda ..

-Créer une antenne EIP-sénégal à Ziguinchor.

- organiser une colonie de vacances à l’intention des élèves sur la culture de paix et la citoyenneté mais avant former des moniteurs de collectivités éducatives .

-Former les animateurs de clubs EIP

-organiser une session de formation à l’intention des associations sportives et culturelles

15h-17h: atelier: :Règlements scolaires et démocratie : Pour une esquisse de la charte des droits et des responsabilités à l'école(équipe pédagogique EIP-Sénégal)

17h: Clôture

-Evaluation

-Allocution de remerciements

-Remise des certificats par l'inspecteur d'académie de Ziguinchor