Groupe de Réflexion et d’Action

pour la Culture, l’Education et le Sport (GRACES)

Récépissé N° 42/DG-CM du 19 septembre 2001

Tél : 601 02 33

E-mail : lyoumartra@yahoo.fr

Rapport de la première session de formation de 8 formateurs à l’Enseignement des Droits Humains et à la Paix.

 

Lieu : Centre de Formation de l’Office Riz Sévaré – Mopti

 

27, 28 et 29 juillet 2006
Introduction

En prélude à la série de formations (27, 28, 29 juillet 2006 : formation de 08 formateurs relais ; 03, 04, 05 août 2006 : formation de 24 enseignants-es des Centres d’Animation Pédagogique de Mopti et Sévaré ; 10, 11, 12 août 2006 : formation de 24 enseignants-es du Secondaire Général, Normal, Technique et Professionnel), dont nous donnons ici rapport de la première session, une cérémonie de lancement du projet, piloté conjointement par le GRACES et l’ONG EVEIL, regroupant les autorités scolaire et judiciaire de Mopti, a eu lieu le 24 juillet 2006 dans la salle de conférence de l’Académie d’Enseignement de Mopti.

Cette cérémonie a été marquée par quatre allocutions (celles du Directeur de l’Académie d’Enseignement de Mopti, du Président du Tribunal de Première Instance de Mopti, le Coordinateur de l’ONG EVEIL, le Président de l’Association GRACES) dont nous portons ici une partie du Directeur de l’Académie d’Enseignement de Mopti : « Nous ne ménagerons aucun effort pour soutenir et accompagner ce projet qui s’articule du reste avec notre ambition, à savoir celle de faire de l’Ecole un lieu de paix et de savoir pour les citoyens de demain. C’est pourquoi j’en appelle au concours de toutes et de tous pour la réalisation de l’objectif du projet : « promouvoir le concept Ecole Instrument de Paix » à travers la formation de nos enseignants-es à l’Enseignement des Droits Humains et à la Paix, pour un ancrage des Droits de l’Homme dans notre communauté scolaire. Encore une fois, je voudrais remercier ici les promoteurs de ce projet (le GRACES et l’ONG EVEIL) pour leur belle initiative, et les partenaires (le Ministère de la Justice, le PNUD, l’APPDH, le CIFEDHOP) sans l’aide desquels pareille action aurait lieu ».

 

L’an deux mille six et les 27, 28 et 29 juillet 2006 s’est déroulée la session de formation de 08 (huit) formateurs à l’Enseignement des Droits Humains et à la Paix, au Centre de Formation de l’Office Riz Mopti.

La cérémonie d’ouverture a été présidée par M. A. NIANGALY, chef de la Division Formation et Recherche AE Mopti, représentant des DAE, qui dans son allocution a remercié les formateurs M. Boubacar BA (Coordinateur ONG EVEIL) et Oumar TRAORE (Président GRACES) et salué l’initiative d’une telle formation qui semera dans l’espace scolaire les graines de la paix et permettra l’assimilation par les enfants des notions des Droits Humains. Par ailleurs, M. A. NIANGALY a souligné du choix de l’école et a du coup encouragé les participants à vulgariser les connaissances qu’ils auront acquises au terme de la formation.

Pour M. Boubacar BA, enseigner les Droits Humains et la paix aux enfants à l’école, c’est les prémunir contre d’éventuels abus et les doter précocement d’une armure juridique susceptible de les amener, une fois parvenus à l’âge adulte, d’améliorer leur connaissance en matière des Droits Humains pour un meilleur exercice de leur citoyenneté.

Après ces deux discours, il fut procédé aux présentations – modèle EIP – qui consiste à former un cercle au milieu duquel se relayent les participants déclinant leur identité, leur conception des Droits Humains et de la Paix et la traduction de ces concepts dans leur langue maternelle. Etaient présents (cf. liste de présences en annexe).

Le présent rapport s’articule autour de trois points essentiels :

• Présentation du module
• Activités
• Conclusion Recommandations

1. Présentation du Module

M. O. TRAORE a présenté le module qui comporte 5 points à savoir :

1. 1. Contexte et justification :

• Jeunesse de la démocratie malienne
• Participation de l’AEEM à la chute de la dictature militaire, mars 1991
• Persistance de la violence dans l’espace scolaire et universitaire
• Signature entre les partenaires de l’école d’un accord de partenariat pour une ‘’Ecole apaisée et performante’’
• Consolidation des acquis du 26 mars 1991 et de l’accord de partenariat pour une ‘’Ecole apaisée et performante’’ par la formation des enseignants - es à l’enseignement des Droits Humains et à la Paix.

1. 2. Objectif global :

Promouvoir le concept ‘’Ecole Instrument de la Paix’’ à travers la formation des enseignants – es de l’enseignement fondamental, secondaire général, normal et technique professionnel, à l’enseignement des Droits Humains et à la Paix, pour un ancrage de la culture des Droits Humains et de la Paix dans la communauté scolaire de l’AE Mopti.

1. 3. Objectifs spécifiques :

• Former les enseignants – es à l’enseignement des Droits Humains et à la Paix ;
• Amener les enseignants – es ainsi formés à introduire les Droits Humains à l’école ;
• Créer des Clubs ‘’Ecole Instrument de Paix’’ ;
• Consolider le climat de paix à l’école

1. 4. Résultats attendus :

• Les enseignants – es sont formés à l’enseignement des Droits Humains et à la Paix, dans les différents ordres d’enseignement ;
• Les Droits Humains sont introduits à l’école ;
• Des Clubs ‘’Ecole Instrument de paix’’ sont créés ;
• Le climat de paix à l’école est consolidé.

1. 5. Méthodologie :

• Pédagogie interactive
• Méthodologie ludico-créative
• Jeux de rôle
• Lecture méthodique
• Travaux de groupe

2. Activités

Six activités ont été menées durant les 3 jours que dura la session.

2. 1. Première journée

2. 1. 1. Activité I : L’école de la Paix

Objectif : représenter sous forme de tableau une école de la paix.

Méthodologie :

Pédagogie coopérative

Méthodologie ludico – créative

Les participants ont été divisés en deux groupes. Après avoir joué avec de petits ballons, ils ont produit chacun un dessin représentant l’Ecole de la Paix. En voici les commentaires :

Groupe I : l’Eole de la Paix repose sur les éléments suivants:

Conditions matérielles adéquates pour renforcer la capacité d’écoute des élèves : l’eau potable, toilettes propres, les arbres, bibliothèques, cantines, terrains de sport ;

La citoyenneté : le drapeau, la cloche (respect de l’heure), le mouvement pionnier.

Accès à aux NTIC

Groupe II :

Sécurité : mur d’enceinte, un gardien

Respect du règlement intérieur et enseignement de la morale : cloche, ordre dans la cour

Ecole obligatoire en zone déshéritée : case, obligation des parents à inscrire les enfants à l’école

Reboisement par les élèves pour un lieu agréable : flamboyant.

2. 1. 2. Activités II (Souhaits et Besoins).

Objectif : aider les jeunes à faire la distinction entre ce qu’ils souhaitent et ce dont ils ont besoin ; introduire l’idée selon laquelle les besoins fondamentaux peuvent être considérés comme des droits.

Méthodologie : Pédagogie coopérative

Lecture d’une étude de cas ‘’de l’eau potable pour le village’’.

Les participants ont défini les mots ‘’souhait’’ et besoin :

Souhait : désir ; ce qu’on veut avoir, qui peut se réaliser ou non ; une ambition ; une projection dans le futur.

Besoin : ce qui est indispensable ; une nécessité ; ce qui est utile dans l’immédiat ; ce qui est fondamental, naturel. Un commentaire sur la méthodologie ludico – créative a été fait par le facilitateur qui en a rappelé les principaux éléments : ‘’l’élan ludique, l’expression, la créativité’’.

De ces définitions, on s’aperçoit qu’il n’y pas de cloison étanche entre souhait et besoin. Les participants ont été soumis ensuite à un travail d’élimination portant sur 24 souhaits et besoin pour n’en dégager que 8 :

Nourriture

Eau

Logement

Opinion et écoute

Education

Emploi

Soins médicaux

Jeux et loisirs

Ces 8 besoins ont été identifiés comme des droits fondamentaux par les participants qui ont enfin défini le droit comme étant ‘’l’ensemble des comportements régi par une société assigné par une loi permettant aux hommes de vivre harmonieusement, ensemble, dans un respect mutuel’’, l’ensemble des besoins indispensables à l’homme pour mener une vie décente.

Les activités du 1^er jour ont pris fin à 13H.

2. 2. Deuxième journée

Les activités du deuxième jour ont porté sur : les droits fondamentaux de l’être humain, notions de base et Droit et méthodologie d’animation pédagogique en deux parties.

2. 2. 1. Activité III : Les Droits Fondamentaux de l’être humain : notions de base

Objectif : amener les participants à comprendre le fonctionnement des Droits de l’Homme ; à analyser un droit, à reconnaître les Droits Fondamentaux qui ne peuvent être suspendus.

Méthodologie :

Pédagogie coopérative

Travaux de groupe

Discussion.

Les participants divisés en deux groupes ont recensé une dizaine de droits essentiels du public auquel ils enseignent :

Groupe I :

1. Tout individu a droit à la vie
2. droit à la liberté
3. droit à la justice
4. droit à l’intégrité physique et morale
5. droit à l’éducation
6. droit à la liberté d’expression
7. droit à la liberté d’association
8. droit à la propriété
9. droit à la protection
10. droit au travail

Groupe II :

1. Le droit à la vie
2. le droit à la sécurité sociale
3. le droit à la liberté d’expression
4. le droit à la protection
5. le droit à la santé
6. le droit à l’éducation
7. le droit à l’équité (justice)
8. le droit aux loisirs (activités récréatives, culturelles)
9. le droit au repos (congés, vacances)
10. le droit à l’identité (l’état civil).

Aux questions de savoir comment fonctionne un droit et comment analyse-t-on un droit, il ressorti la synthèse suivante :

Fonctionnement des droits : les prennent corps dans les valeurs sociales

Les valeurs (Etat) : la justice, la solidarité, le respect de la dignité humaine, la vie en communauté.

L’Etat proclame les Droits : droits proclamés

Les droits sont soumis aux représentants du peuple qui les approuvent : Droits ratifiés

Les Droits sont mis en œuvre.

Comme exemple concret, la d’orientation agricole au Mali (en débat à l’Assemblée Nationale) fut prise pour illustrer le propos.

Analyse du droit :

L’Etat concerné a-t-il

Ratifié le ou les instruments protégeant ce droit ?

Emis des réserves ?

Ce droit désigne-t-il un sujet, un titulaire ?

Ce titulaire est-il : un individuel ? ou

Un collectif ?

Ce droit définit-il un contenu précis ?

Par contenu, est-ce un

Droit attribut ? ou

Droit créance ?

4- nature de ce droit requiert-elle une application ?

a- direct ? ou programmatique ?

5- Les instruments qui définissent ce droit préconisent-il une procédure de sanction, de recours ou de supervision ?

A la synthèse des trois points ci-après ont été commencés par des exemples précis et une définition des droits humains a été donnée par les participants puis enrichis par les formateurs :

- les droits de l’homme ne peuvent être violé que par l’état et ses représentants : Exemple : la torture dans les enquêtes préliminaires.

- s’il y’à horizontalité entre deux individus il n’y’a pas de violation de droit de l’homme

- s’assurer toujours que son pays a ratifié le droit en question et savoir la manière dont le droit s’applique dans son pays.

- Définition des Droits Humains : ‘’un ensemble de conventions pour permettre à l’homme de mieux vivre en société ; standards fondamentaux sans lesquels les gens ne peuvent vivre dans la dignité et la paix en tant qu’être humain ; Les Droits Humains reposent sur 3 fondements : la liberté, la justice et la paix. Enfin quelques droits fondamentaux qui ne peuvent être suspendus dont par exemple le droit à ne pas se voir imposer une discrimination fondée uniquement sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion ou l’origine sociale ; le droit à la vie ; le droit à ne pas être torturé ou subir des traitements cruels, inhumains ou dégradants ; le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ont été illustrés par des exemples concrets tirés de la vie quotidienne.

2. 2. 2. Activité IV : Droit et Méthodologies d’Animation Pédagogique

Première partie :

Objectif : amener les participants à déceler des cas de violation de droit à l’école.

Méthodologie :

Pédagogie coopérative

Travaux de groupe

Discussion

Les participants ont été divisés 2 groupes après le jeu de train. Deux scènes de violation de droit ont été représentées sous forme de sketch

Groupe I : La scène se passe dans une classe de 8^ème année (5^ème année) au second cycle de l’enseignement fondamental.

Oumou et Makan sont dans la même classe. Après les compositions de fin d’année, les deux élèves ont la même moyenne 09,50/20. En principe tous les deux doivent redoubler la classe. Mais le maître de mathématiques reçoit 5 000 F des mains de Oumou, somme que son père lui a remise pour corrompre l’enseignant. Oumou passe alors en classe supérieure et Makan redouble. Makan proteste contre son maître qui le menace de la traduire en conseil de discipline.

Un cas de violation de droit à l’équité (justice)

Groupe 2 : La scène se passe dans une classe de 5^ème année (CM1) du 1^er cycle fondamental. Une opération de calcul mental est donnée à trois enfants : Alon, Pascal, Issa : 4+6=10 ; / 3+7 / 5+5 /. Alou et Pascal trouvent la bonne réponse aux trois coups. Quant à Issa, il rate par trois fois l’opération. Le maître, après avoir observé les ardoises, félicite Alou et Pascal, mais rabroue, insulte, frappe et expulse Issa de sa classe.

Cas d’atteinte à l’intégrité physique et morale de l’enfant.

Deuxième partie : qu’y a-t-il dans un nom ?

Objectif : examiner la relation entre nom et identité et leur lien avec les droits de l’enfant, cela est aussi utile car il constitue un exercice pour présenter les participants l’un après l’autre. Tous les participants, prenant la parole à tour de rôle, se sont présentés en donnant la signification de leur nom et le sentiment qui les animent. Cet exercice a permis entre autres de constater que le nom est lié au droit à l’identité culturelle. Il est une source de fierté et de connaissance profonde de l’individu, même si parfois l’administration coloniale a déformé certains patronymes comme par exemple ‘’SISSOKO’’ au lieu du nom authentique ‘’SOUSSOKO’’.

Cette deuxième journée a pris fin à 13H.

2. 3. Troisième Journée :

Les activités de la troisième journée ont porté sur deux activités : Lecture méthodique d’un texte littéraire relatif aux Droits Humains et ‘’Droit et Organisation scolaire’’.

2. 3. 1. Activité V : Lecture méthodique d’un texte littéraire relatif aux Droits Humains

Objectif : dégager à partir de la lecture méthodique d’un texte littéraire un droit de l’homme ; inciter les enseignants à faire la lecture méthodique des textes littéraires relatifs aux Droits Humains dans les classes.

Les participants, à travers les étapes de la lecture méthodique (lecture silencieuse, relevé les hypothèses ou impressions de lecture, confirmation ou infirmation des hypothèses) ont donné une interprétation finale du texte de Langston HUGUES ‘’Moi aussi, je suis l’Amérique’’ : ‘’Nous avons à faire à un être opprimé, un non américain, qui aspire au droit d’être reconnu comme citoyen américain à part entière’’. Il s’agit là du droit à l’identité.

Des travaux d’écriture ont été faits. En voici un qui illustre le droit à la protection.

Poème : Enfant Orphelin

Oh ! Enfant où vas-tu pieds nus ?

J’irai au monde de la paix,

Je suis dans l’enfer,

Je n’ai pas à manger,

Je n’ai rien pour m’habiller,

La nuit devient pour moi le jour,

Je travaille comme une machine sans repos.

Je n’ai plus envie de vivre ici

J’irai dans un monde où l’illettrisme n’existe plus

Et je défendrai mes intérêts

Car mes parents, ne sont plus.

Je regrette d’être dans ce monde plein d’hostilité

Oh ! Enfant où vas-tu pieds nus ?

2. 3. 2. Activité VI : Droit et Organisation scolaire

Objectif : amener les enseignants à tenir compte de l’excuse de minorité dans la prise des sanctions contre les élèves ; inciter les élèves à respecter scrupuleusement le règlement intérieur qui régit la vie scolaire

Les participants ont représenté sous forme théâtrale un sketch. Il s’agit d’un enseignant qui, ne supportant pas le bavardage de ses élèves de la classe de seconde, renvoie tout le monde en retenant à chaque élève -2 en conduite et -3 dans sa matière. Un de ses collègues qui a suivi une session de formation à l’enseignement des droits humains et à la paix, le sensibilise sur le concept ‘’Ecole Instrument de Paix’’ et ‘’l’excuse de minorité’’, en lui évoquant les deux premiers articles de la ’’loi N° 01-08 du 24 août 2001 portant sur la minorité pénale et institution de juridiction pour mineurs au Mali’’. Au secrétaire général de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali qui menace de muter l’enseignant ayant expulsé ses camarades, l’enseignant médiateur le sensibilise également afin qu’il prenne conscience de son statut d’élève.

Cette dernière activité a suscité des débats enrichissants sur la conduite à tenir face à un élève récalcitrant. La proposition de créer un conseil de coopération en classe pour demander à l’enfant fautif des réparations a germé et fut accepté par tous : la cœrcition, les sanctions devant être abolies en la matière.

3. Conclusion – Recommandations

La session de formation des 8 formateurs à l’enseignement des Droits Humains et à la Paix, qui s’est tenue du 27 au 29 juillet 2006 au Centre de Formation de l’Office Riz Mopti, dans le but de constituer des formateurs relais chargés de formation et de suivi des activités, a été très satisfaisante (cf. synthèse grille d’évaluation en annexe).

Pour une meilleure utilisation du module de formation et une meilleure maîtrise de l’enseignement des droits humains, la session recommande de :

-        parler de l’historique des droits humains

-        expliquer davantage la méthodologie ludico-créative par une série d’exemples

-        approfondir les méthodologies d’enseignement et d’animation des droits humains.

Sévaré, le 29 juillet 2006

Le Président de GRACES

Oumar TRAORE