Logo
Vous êtes ici : Accueil/ Publications / Lettre de l'EIP / n°8, septembre 2003

 

 

Transgression de la règle à l'école :
punir, sanctionner ou réparer ?
Lettre n°8, septembre 2003

Une réflexion sur l’apprentissage du vivre ensemble à l’école ne peut faire l’économie d’une critique raisonnée de la discipline à laquelle, sous diverses formes, ont recours les adultes en situation d’autorité.

 

L'autorité, dans la classe, fait problème, écrit Denis Jeffrey. À l'évidence, affirme-t-il, l'enseignant n'incarne plus une autorité dite « naturelle » parce que vécue par les élèves comme allant de soi. Ce type d'autorité, qui s'imposait principalement par la peur et la contrainte, poursuit Jeffrey, ne peut certes pas renaître de ses cendres. On peut même se demander, avec François Dubet, ajoute-t-il, si cette autorité qui paraissait naturelle, parce qu'elle reposait sur une légitimité soutenue par l'institution, n'était qu'un mirage.

 

Comment, dès lors, fonder une pratique claire de l’autorité et éventuellement de la sanction éducative, se demande pour sa part Alain Renaut, professeur de philosophie à l’Université Paris IV ? Question délicate, s’il en est une, d’autant, précise-t-il «que la dynamique démocratique, que nous approuvons tous et dont nous considérons les valeurs qui s’y déploient comme des valeurs sacrées, a englobé un être humain, l’enfant, que nous nous sommes mis aussi à nous représenter comme un semblable.» (1)

 

À l’heure actuelle, soulignent M. Bastien, B. Jospin et G. Vanhouwe, l’école, confrontée à d’innombrables questions, n’adopte qu’une seule et même solution face à un problème pédagogique qui a pourtant toute sa singularité : punir. Leur souhait : abolir la punition pour laisser croître la sanction-réparation. La sanction pédagogique s’accompagne ainsi d’une « procédure réparatrice » : il s’agit de réparer, se réparer et se préparer. Les auteurs s’expliquent :

  1. «réparer, c’est rendre à l’autre ce qu’on lui a délibérément pris, volé ou détruit. De cela, découle la nécessaire distinction - amenée par Bernard Defrance - entre faute et erreur : si la première est intentionnelle, la seconde ne l’est pas. Concrètement, l’enfant est ainsi placé dans une situation où il doit « réparer » son erreur envers les autres.»

  2. «Se réparer, c’est avant tout se réparer soi-même. C’est donc la question du soi et de l’estime de soi qui est en jeu dans ce contexte.»

  3. «Se préparer, englobe le long terme. Le but ultime de l’éducation, disait Olivier Reboul n’est pas de réparer mais de préparer, question centrale, qui se veut être l’objectif à part entière de la sanction en éducation mais aussi et surtout de la sanction-réparation.»

Illustration : Photo tirée du site Il était une fois l'école

http://iletaitunefoislecole.fr/Les-punitions.html

______________

(1) In : Jacquard, Albert, Manent, Pierre et Alain Renaut (2003). «Une éducation sans autorité ni sanction ?» Paris : Grasset.

 

pied