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À bas les armes ?
Lettre n°36, janvier 2007

Tyr

D’après l’institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), les dépenses militaires mondiales ont atteint 1 118 milliards de dollars en 2005. Un triste record. À l’échelle planétaire, ces dépenses équivalent à 173 dollars par habitant.

 

À eux seuls, les États-Unis d’Amérique drainent 48 p. cent de ces dépenses militaires mondiales, comparativement à 4 à 5 p. cent chacun pour la Grande-Bretagne, la France, le Japon et la Chine. SIPRI fait observer que cette augmentation des dépenses états-uniennes est largement le résultat de fonds supplémentaires échappant au budget régulier, ce qui signifie en clair « que des décisions de financement sont passées du Congrès au Président. » Par ailleurs, les données collectées par SIPRI indiquent que, en 2004, les trois principaux groupes d’armement, Chine exceptée, étaient Boeing, Lockheed Martin et Northrop Grumman, tous des États-Unis.

 

L’Institut explique que le niveau élevé et croissant du coût des matières premières et des énergies fossiles est une des raisons de l’augmentation des dépenses militaires. Cela a permis à des pays comme l’Algérie, l’Arabie Saoudite, l’Azerbaïdjan et la Russie de libérer des fonds pour des dépenses militaires grâce aux ventes de pétrole et de gaz, de conclure SIPRI. Ce dernier ajoute que les évolutions générales de la communauté internationale en matière de paix et de sécurité impliquent que l’idée selon laquelle le désarmement est une voie directe vers le développement est en perte de vitesse.

 

D’autre part, nous dit l’étude, la Russie, les États-Unis et l’Union européenne étaient pour la période 2001-2005 les trois premiers exportateurs des principales armes conventionnelles avec des taux respectifs de 31, 30 et 27 p. cent.  

 

Pour ce qui est des armes nucléaires, personne ne sera rassuré d’apprendre que les huit États possesseurs avérés détiennent près de 12 100 têtes nucléaires déployées : États-Unis (5 521), Russie (5 682), Royaume-Uni (185), France (348), Chine (environ 130), Inde (environ 50), Pakistan (environ 60), Israël (entre 100 et 200). Pour SIPRI, le contrôle « démocratique » des armements nucléaires s’impose peut-être plus que jamais :« les gouvernements indiens ont utilisé les essais nucléaires pour accroître leur popularité ; en Russie, l’éclatement de l’Union soviétique a résulté en un contrôle civil presque impossible ; et au Pakistan, il existe une incertitude quant à l’avenir de l’arsenal nucléaire au-delà de l’ère du Président Pervez Musharraf. ».

 

Dans son Rapport sur le développement humain 2005, le Programme des Nations Unies pour le développement fait remarquer que les dépenses militaires dépassent très largement l’aide publique au développement dans les pays riches. Ainsi, selon des chiffres de 2003, aux États- Unis, par exemple, le rapport est de 25 à 1. Il est de 26,5 à 1,4  en Grèce. Le Royaume Uni affiche un rapport de 13,3 à 1,6 et la France de 10,7 à 1,7. Selon le PNUD, il en coûterait un peu moins de 7 milliards de dollars par an sur les dix prochaines années pour assurer aux pays pauvres l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement. Cet investissement – précise le PNUD - est toutefois inférieur aux 7 milliards de dollars annuels que les Européens dépensent en parfums ou les 8 milliards de dollars que les États-Uniens dépensent en chirurgie esthétique.

 

Illustration : Dessin de Burki (suisse), tiré de l'album Un demi-siècle de droits de l'homme, p. 111

 

Références

 

SIPRI :  http://www.sipri.org/

 

PNUD. « Rapport mondial sur le développement humain 2005 ».

http://www.undp.org/french/

 

 

 

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