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Violence et paix scolaire
Lettre n°32, mai-juin 2006

 

Aux États-Unis, la proportion d’actes de violence serait demeurée stable au cours des années 2002 et 2003 bien qu’elle soit significativement plus basse que celle enregistrée au début des années 90. Selon certains experts, mentionne le Washington Post, cette baisse de criminalité dans le temps pourrait être attribuable à trois facteurs : l’installation de détecteurs de métaux et de caméras de surveillance nombre d’établissements, la présence accrue de personnels de sécurité et la mise en œuvre de programmes visant à contrer les brimades et l’intimidation à l’école.

 

Dans les pays avancés, l’idée selon laquelle la violence constitue une menace réelle dans les écoles est bien ancrée dans les esprits, comme le montrent nombre d’études de « victimation ». Cette perception ne trouve pas son équivalent dans les pays du Sud, contrairement à une idée reçue selon laquelle la violence est une phénomène « normal » dans les pays pauvres. Or, une récente étude conduite par E. Debarbieux vient d’en démontrer le contraire. La perception de la violence chez des élèves du Sud serait nettement moins forte que chez leurs homologues du Nord, du moins pour les trois pays que sont le  Brésil, le Burkina Faso et Djibouti. Et dans ces pays, les écoles qui affichent les meilleurs résultats scolaires sont celles où régnerait une certaine paix scolaire, où les châtiments corporels ne sont pas pratiqués et où un sentiment fort d’appartenance à la communauté serait observé.

 

La panoplie des moyens déployés dans les écoles du Nord pour lutter contre la violence ne suffit pas à elle seule à assurer le développement d’un climat de paix au sein des établissements. La surveillance et la répression ont leurs limites et créent aussi du ressentiment, attitude peu propice aux apprentissages scolaires. N’y aurait-il pas lieu de s’employer à promouvoir davantage l’indispensable lien social qui se doit d’exister à l’école comme dans le voisinage de celle-ci ?

 

Illustration : Dessin, tiré du site Drole

http://drolissimo93.kazeo.com/Drole/violence-scolaire,p19978.html

 

Références 

 

National Center for Education Satistics (NCES). « Indicators of School Crime ans Safety : 2005 ».

http://nces.ed.gov/pubsearch/pubsinfo.asp?pubid=2006001

 

The Washington Post. « 1 in 20 Students a Crime Victim ». 21 novembre 2005.

http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2005/11/20/AR2005112001053.html

 

Debarbieux, Éric. (2006). « La violence à l’école : quelques orientations pur un débat scientifique mondial ». International Journal on violence and Schools, N° 1, mai, 18-28.

 

Que sont les enquêtes de victimation ?

 

« Plus qu’une connaissance de la « délinquance », qui mesure les représentations et les activités des institutions, l’approche par l’enquête de victimation permet que transgressions et infractions soient appréhendées du point de vue de la victime, considérée comme un informateur privilégié, au lieu de focaliser les recherches sur les agresseurs. Ces enquêtes permettent de montrer l’écart entre la connaissance institutionnelle du phénomène et la réalité des agressions subies. Ce type de méthodologie devient beaucoup plus fréquent en Europe et dans le monde, mobilisant les chercheurs dans des enquêtes larges, constituant des bases de données importantes qui permettront, et permettent par endroit, de mieux mesurer l’importance et l’évolution du phénomène. »

 

Voir : « Des statistiques officielles aux enquêtes de victimation », par Eric Debarbieux

http://www.obsviolence.com/french/recherches/index.html

 

 

 

 

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