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Y a-t-il trop de règles à l'école ?
Lettre n°31, avril 2006

 

Aux États-Unis d’Amérique, l’on observe que le nombre de règles imposées aux adolescents va en augmentant. C’est ce que rapporte l’ « Association for Supervision ans Curriculum Development ». Protéger les adolescents contre les dangers – y compris le terrorisme – et améliorer leurs performances scolaires sont au nombre des motifs invoqués pour justifier ce resserrement de l’autorité adulte  dans l’enceinte de l’école.

 

Dans certains établissements scolaires de l’Iowa, par exemple, les élèves ont des places assignées pour manger le midi ;  dans d’autres, il leur est interdit d’avoir en leur possession des bouteilles d’eau de crainte que celles-ci leur servent à camoufler de l’alcool. Les sacs à dos sont également interdits pour des raisons de sécurité. Et dans certains cas l’ambition de contrôle des autorités scolaire déborde sur la vie privée après les heures de classe comme pour palier les déficiences présumées de la surveillance parentale.

 

Dans plusieurs cas, des mesures restrictives seraient attribuables entre autres au fait que les autorités scolaires craindraient des poursuites judiciaires de la part des parents si leurs enfants étaient victimes d’accidents ou de « mauvaises influences » sur les lieux de l’école. Dans un pays où l’on peut intenter des poursuites contre à peu près tout le monde pour à peu près n’importe quoi, il n’y a pas lieu de s’étonner. Mais que les jeunes fassent les frais de cette surenchère inquiète d’autant que lorsque la soumission aux règles devient le leitmotiv de l’institution scolaire, l’on peut se demander ce qu’il reste de ces beaux principes d’apprentissage reposant sur le respect de l’autre et la construction de l’esprit critique.

 

Face à l’arbitraire, l’on ne doit pas se surprendre de voir des élèves faire de la résistance passive ou parfois contester ouvertement ce qu’ils estiment être un abus d’autorité. Dans sa thèse de doctorat, Véronique Truchot a bien montré que pour les adolescents qu’elle a interviewés la légitimité de l’autorité est le principe cardinal qui confère aux règles leur caractère juste et respectueux des droits de l’enfant. Mme Truchot souligne qu’aux yeux des élèves, cette légitimité se décline en égalité de traitement, en participation des élèves à l’élaboration du code de vie, en respect mutuel et en cohérence des enseignants dans leurs paroles et dans leurs actes. Il suffit qu’un seul de ces déterminants fasse défaut, ajoute la chercheuse, pour que la légitimité de l’autorité soit remise en question. Elle conclut en rappelant qu’une des grandes exigences de l’école est d’allier rigueur et application des principes démocratiques des droits de la personne.

 

 

Illustration : dessin, tiré du site de l'École de Voisey

http://xxi.ac-reims.fr/rpi-voisey/articles.php?lng=fr&pg=10

 

Références 

 

ASCD SmartBrief. « New rules promote conformity for teenagers ». Newsletter, 13.02.06.

http://www.ascd.org/portal/site/ascd/index.jsp/

 

DesMoines Register. « Iowa's youth deluged by elders' new rules ». 12.02.06

http://desmoinesregister.com/apps/pbcs.dll/article?AID=/20060212
/NEWS02/602120351/1004

 

Truchot, Véronique (2006). «Les règles à l’école secondaire telles que les élèves se les représentent». Thèse de doctorat. Université du Québec à Montréal. http://edutopia.info/these/index.htm

 

Truchot, Véronique (2001).« L'apprentissage à l'école des règles et le droit à l'éducation ». Thématique : Genève.

http://www.eip-cifedhop.org/publications/thematique9/truchot.html

 

 

 

 

 

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