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La gratuité de l'éducation : l'amnésie
Lettre n°27, novembre 2005

 

Même après avoir adopté le principe de l’accès universel gratuit à l’éducation, en 1966, et d’en avoir ratifié le contenu dix années plus tard ; même après avoir laissé entendre, en 1990 et, ensuite, en 2000, que la gratuité de l’enseignement pourrait enfin voir le jour, la « communauté des États » continue de nager dans les eaux troubles de l’amnésie et de l’indifférence. Le droit à l’éducation reste un droit malmené, plongé dans l’oubli des engagements pourtant solennellement proclamésà répétition depuis l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en 1948…

 

Selon l’UNESCO, des frais de scolarité continuent d’être imposés dans plus de 100 pays dans le monde. Ainsi, les droits d’inscription auxquels s’ajoutent d’autres dépenses comme l’achat de livres et les frais de transport, entre autres, sont l’une des raisons principales de la non-scolarisation des enfants et particulièrement des filles, fait-on remarquer.

 

Certes, les coûts de l’éducation représentent une part importante des dépenses publiques et le fardeau est particulièrement lourd à porter pour les pays du Sud à la remorque d’une aide internationale qui est loin de suffire à ce jour (1). En fait, observe-t-on, l’aide publique au développement a diminué depuis le début des années 90 bien que la situation économique et sociale de nombreux pays du Sud, notamment en Afrique, se soit dégradée. En fait, très peu de pays riches consacrent 0,7 % de leur PIB  à l’aide aux pays pauvres, un objectif pourtant mis de l’avant en 1969, lors d’une Assemblée de l’ONU…

 

Bien que largement moins ressentie au Nord, la mise à mal de la gratuité de l’enseignement est un fait bien réel dans certains des pays de cet hémisphère. Les frais « afférents » tels que l’achat de cahiers d’exercices, les cantines scolaires et les vêtements pour l’éducation physique et sportive entament fortement le budget des ménages à faible revenu. Dans l’enseignement supérieur, la hausse des frais de scolarité endette plusieurs étudiants pour longtemps une fois ceux-ci parvenus sur le marché du travail. Là encore, les États semblent avoir oublié l’engagement qu’ils prirent en ratifiant, en 1976, le Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui stipule en son article 13 que « L'enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés et notamment par l'instauration progressive de la gratuité ».

 

Les «  nouveaux » objectifs du Millénaire de l’ONU réussiront-ils à être atteints, là où d’autres du genre qui les ont précédés se sont retrouvés au feuilleton de l’oubli et de l’indifférence ?

 

Illustration : Photo tirée du site http://www.cpcml.ca/francais/Lmlq2009/Q39172.htm

 

Références

 

Le Monde diplomatique.( 2004 ). « Une nécessaire réforme de l’aide internationale »

http://www.monde-diplomatique.fr/2004/09/SOGGE/11433

 

Agir ici. « Les frais de scolarité : l'une des causes de la non-scolarisation ».

http://www.agirici.org/HTML/PRESSE/ESPACE_DPRESSE_
FICHE.php? IdCampagne=63&numero_fiche=3

 

Le Devoir. (2004 ). « Le prix de l’indifférence ».

http://www.ledevoir.com/2004/12/07/70223.html

 

L’Expansion. ( 2002 ). « Le fossé entre riches et pauvres s’élargit encore ».

http://www.lexpansion.com/html/A61267.html

 

« Le droit à l'éducation : quelles effectivités au Sud et au Nord ? ». Colloque international tenu du 9 au 12 mars 2004, Université de Ouagadougou, Burkina-Faso.

http://afecinfo.free.fr/ouaga/index.htm

 

ONU. « Les objectifs du Millénaire pour le développement ».

http://www.un.org/french/millenniumgoals/

 

 

Certaines États africains s’achemineraient  néanmoins vers la gratuité de l’enseignement. Ce serait le cas du Ghana dont le président a récemment déclaré que son gouvernement avait décidé d’instaurer l’éducation publique et gratuite pour tous les enfants âgés de 4 à 16 ans. Au Kenya, cette fois,note-t-on, l’école est devenue gratuite en 2003. Cependant, ajoute-t-on, « cette augmentation du nombre d’enfants inscrits dans les écoles s’est traduite par des classes surpeuplées où plus de 70 élèves s’entassent dans des classes prévues pour 40. Manquent également pupitres, fournitures scolaires et enseignants qualifiés ». Retour

 

Consulter : « Kufuor annonce à Paris la gratuité de l'école de base au Ghana ».

http://www.jeuneafrique.com/pays/ghana/gabarit_art_afp.asp?
art_cle=PAN50025kufuoanahgu0

 

Et aussi :« Les frais de scolarité : l'une des causes de la non-scolarisation ».

http://www.agirici.org/HTML/PRESSE/ESPACE_DPRESSE_
FICHE.php? IdCampagne=63&numero_fiche=

 

 

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